Le soleil se couche sur la frontière sud du Koweït. Pour Saddam Hussein venu à ses risques et périls à Bassora préparer l’opération, c’est le moment propice à déclencher la « Mère des Batailles » (Oum al-Maarik) pour défaire en combat singulier les lâches Américains et leurs serviles alliés, loin de leurs avions et de leurs missiles à longue portée, dans une manœuvre à grande échelle associant ruse, force et rapidité. Tournant de la guerre du Golfe, la percée de Khafji tourna court. (DR - Coll. V. Rousset).

Episode II : Khafji, l’avortement de la « Mère des Batailles » (29-31 janvier 1991)

Loin du simple accrochage qu’on évoque parfois, l’offensive irakienne vers la ville côtière évacuée de Khafji, à une dizaine de km de la frontière du Koweït occupé, implique cinq divisions de trois corps d’armée. L’attaque et les feintes de leurs brigades blindées tentent de précipiter la bataille terrestre, que Saddam Hussein voulait sanglante et déterminante. Son échec scelle le sort des armées de Bagdad.

L'œil de Dieu

Réclamés par Schwarzkopf, les deux exemplaires de développement du radar aéroporté de surveillance du champ de bataille E-8A Joint-STARS arrivent d’Europe à Riyad le 13 janvier (à gauche). Le 29 à 20h30, les opérateurs conjoints de l’US Army et de l’US Air Force (au centre) à bord d’un E-8A détectent une puissante colonne de véhicules en formation, qui descend vers la frontière saoudienne (à droite). Alertés, des avions d’attaque et de bombardement sont détournés de l’allocation des missions planifiée pour harceler les Irakiens, incapables de naviguer ou d’utiliser leurs armes de nuit. (Grumman - Coll. V. Rousset).

Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Marines sous le feu

Prises sous des feux désordonnés, les sections de Marines qui gardent la frontière se retirent en ouvrant le feu, couvertes par leurs aviateurs dont les AV-8B Harrier 2 décollent de bases avancées (à gauche), par quelques  F-16C Fighting Falcon équipés de nacelles de navigation et d’acquisition d’objectif nocturnes LANTIRN (au centre), et par des A-10A Thunderbolt 2 antichars, qui utilisent l’étroit autodirecteur infrarouge de leurs missiles AGM-65D Maverick pour acquérir des cibles de nuit (à droite). Cet appui rapproché décime les bataillons irakiens débordés; mais dans la confusion, un blindé antichar LAV-AT détruit un autre de la même unité d’un missile TOW, et un transport de troupes blindé LAV-25 reçoit un missile Maverick ; 11 Marines succombent à ces tirs fratricides. Comble d’humiliation, cette bataille était une diversion, et un bataillon mécanisé parvient à prendre position à Khafji pendant la nuit.(US DoD - Coll. V. Rousset).

Cliquer sur l'image pour l'agrandir

La reconquête

Guidés par des observateurs restés dans la ville désertée, un déluge de feux d’artillerie (à gauche un obusier de 155mm), et des nuées d’hélicoptères (au centre une escadrille d’AH-1W Super Cobra ravitaillée sur une route) et d’avions d’assaut des Marines pilonnent Khafji, fixant les attaquants sur leurs positions et empêchant tout renfort. Fortes de ces appuis, des unités de la Garde nationale saoudienne renforcées d’un bataillon blindé qatari (chars AMX 30 et blindés de combat d’infanterie AMX 10P français, à droite) reprennent la ville aux Irakiens dans un assaut désordonné. (US DoD - DR - Coll. V. Rousset).

Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Leçons pour la bataille aéroterrestre

Alors qu’un renfort côtier est mis en pièces par l’aviation et les hélicoptères de la coalition avant d’avoir pu accoster, les occupants de Khafji obtiennent de Saddam Hussein l’autorisation de faire retraite dans la nuit du 31 janvier au 1er février. La bataille, qui a coûté 11 Marines tués par des tirs fratricides (à gauche le LAV-25 touché par un A-10 antichar, tuant les 7 hommes d’équipage) et 14 aviateurs d’une canonnière volante AC-130H Spectre, abattue d’un missile sol-air alors qu’elle restait appuyer la contre-attaque après le lever du jour (au centre), a coûté aux Irakiens 112 blindés (à droite, char T55 Enigma d’un commandant de brigade alourdi par son blindage renforcé localement, touché et abandonné avant Khafji), 75 véhicules divers et 20 pièces d’artillerie. Elle confirme l’impossibilité de manœuvrer sous des feux et des attaques électroniques coordonnés par une surveillance aérienne permanente, et l’infériorité des unités irakiennes, dépourvues d’optique de nuit et qui s’infligent de surcroît un « suicide par silence radio ».(US DoDColl. V. Rousset).

Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Vient de paraître

Pour en savoir plus, l’ouvrage de référence de Valéry Rousset qui analyse en détail et sans complaisance les opérations de ce conflit, à l’origine de la transformation de la guerre moderne.

Format : 156 x 234
Broché collé
432 pages, 400 photos

Prix : 29 €